« Le développement durable doit être une démarche multifactorielle »
Séance plénière du 27 octobre 2014
Intervention d'Antoine Waechter sur le rapport sur la situation en matière de développement durable de la collectivité régionale
Monsieur le Président, chers collègues,
Il faut souligner l’excellente initiative du Législateur qui nous impose cette analyse. Nous devons lui accorder l’importance que mérite l’avenir de notre planète et le bien-être des Terriens. Je pense, en particulier, que d’une manière générale, que nous n’avons pas suffisamment conscience des enjeux et notamment de ceux qui sont liés au réchauffement climatique, véritable menace pour l’équilibre du monde. Si vous regardez aujourd’hui la moyenne trentenale des températures et de la pluviométrie, la moyenne 1980-2010 par rapport à la moyenne 1970-200, vous voyez déjà une augmentation significative de la température et de la pluviométrie, c’est-à-dire une correspondance parfaite au logiciel qui modélise l’avenir climatique si nous ne modifions pas la trajectoire.
Le développement durable doit être une démarche multifactorielle, avec une véritable exigence de cohérence globale. Je remarque, une fois de plus, d’une manière générale, que le paysage est oublié. Et le comble c’est lorsque le développement durable alimente l’enlaidissement de l’Alsace, c’est-à-dire à la fois une dégradation de notre cadre de vie mais aussi de l’attractivité de notre Région et de ce qui fait le fondement de l’économie touristique.
J’en prendrai simplement trois exemples. Alors c’est vrai que ce n’est pas la politique de la Région, mais nous avons quand même au travers de nos interventions dans les documents d’urbanisme en particulier les SCOTs à intervenir sur ces sujets. C’est la multiplication des résidences en forme de boites blanches qui viennent polluer le paysage de nos villages traditionnels, sous prétexte d’avoir des bâtiments BBC alors que c’est finalement le degré zéro de l’architecture. Ou encore ce projet d’une quinzaine d’éoliennes dans les plus beaux paysages du piémont haut-rhinois entre les vallées de la Doller et de la Thur. Ou encore cette résidence séniors que j’ai vue en venant ici blanche et rouge en lisière du village viticole de Bergheim, complètement effacé par ce monstre.
Une enquête publique s’est ouverte pour la réalisation d’une liaison routière rapide entre Mulhouse et Altkirch. Un investissement, s’il se réalise, qui est, à mon sens, complètement irresponsable.Il va altérer un espace naturel vierge, il va consommer des terres agricoles, mais surtout, il entre complètement en concurrence avec ce que nous nous investissons dans le domaine de la voie ferrée, et du souhait que nous avons de se voir se développer l’utilisation de cette liaison entre Mulhouse et Belfort. J’en conclus qu’il est vraiment urgent que la région devienne une Autorité unique en matière de transports tous modes confondus pour faire des arbitrages qui soient cohérents.
Et s’il devait y avoir un argumentaire pour la réforme territoriale c’est bien celle-là, c'est-à-dire que, effectivement, nous n’ayons plus des politiques concurrentes et incohérentes entre collectivités.
Alors pour conclure je voudrais simplement ajouter quelques indicateurs supplémentaires.
Tout d’abord, parmi les indicateurs, les surfaces consommées par l’urbanisation et les infrastructures. Je rappelle quand même que nous sommes quelques uns, et en tous cas plusieurs listes aux élections régionales passées, qui avons mis dans notre projet une réduction de moitié de la consommation foncière. Les éléments existent autant les intégrer annuellement dans notre rapport, même si cela ne dépend pas toujours de notre politique.
Nous pourrions, à côté du nombre de kilomètres voyageur parcouru en train avoir aussi le nombre de kilomètres parcourus par les voitures et les camions. Il est possible de déduire ce kilométrage des études de trafic du Département parce qu’on peut très bien noter une augmentation de voyageurs dans le train et dans le même temps une augmentation du nombre de kilomètres parcourus par les engins motorisés. Et là cela dépend directement aussi des politiques d’aménagement du territoire qui génère notamment cette mobilité.
Enfin, il y a peut-être un élément que nous pourrions peut-être introduire aussi : c’est le carbone stocké ou l’évolution du puits de carbone, puisque ce puits dépend à la fois des surfaces forestières, de l’état de ces forêts et de l’état de surfaces artificialisées qui elles ne captent plus rien du tout.