Accueil L’action des écologistes au Conseil Région – Bilan du mandat 2010-2015 Bilan politique du mandat : résumé

Bilan politique du mandat : résumé

Le rendez-vous avec l'écologie a t-il été réussi ?

Le groupe écologiste a actionné les moyens d'action disponibles en tant que minorité. Avec succès parfois. En débattant de façon mesurée, mais exigeante, face à la majorité. En indiquant les mutations nécessaires, le travail des élus Europe Écologie a été fructueux et a posé des jalons.

 

Les écologistes ont prôné une concentration budgétaire et politique sur l’essentiel : ils n’ont pas toujours été suivis. Une telle polarisation sur les priorités s’imposait : l’empilement des dispositifs ne mène à rien. L’efficience est impérative parce que le Conseil Régional n’a pas les coudées franches. Il est contraint par un stock de dettes alourdi par le coût du TGV, un levier fiscal très réduit et des limites budgétaires imposées par un État en grandes difficultés. 450 € seulement par habitant ne permettent pas le niveau d’efficacité de nos homologues européens. Il faudrait renforcer la Région et bien mieux articuler impulsion régionale et travail fin dans les territoires. Il s'agit, comme l'a dit Jean-Marc Riebel, de « solidariser le régional et le local en s’appuyant sur les bassins de vie autour de l’axe SCOT/Pays ». Hélas, un double rendez-vous a été raté : celui du Conseil Unique et celui de l’acte III de la décentralisation.

Notre groupe, dans un esprit de dialogue et de proposition, a agi sans relâche pour 3 priorités :

① le ménagement des ressources, du foncier et de la nature,

② l’essor du capital inépuisable de la formation, de la culture, d’une alsacianité ouverte à l’Europe et au monde,

③ la transformation écologique de l’économie.

 

Pour une nouvelle économie

La spécificité alsacienne depuis 15 ans, c’est une plus forte destruction de l’emploi particulièrement dans l’industrie. Nous avons proposé la refonte de la politique pour l’emploi à partir d’une conférence économique et sociale dont nous avons, en vain, demandé la tenue. En dépassant les corporatismes et les inerties, cela aurait fédéré dans le débat et l’action les syndicats, les employeurs, les chambres consulaires, les services de l’État, les grandes collectivités.

Plutôt que des cadeaux sans vrai effet levier à de grands groupes industriels, il aurait fallu réformer les dispositifs d’aides pour hâter l’innovation et la conversion écologique du tissu industriel, pour l’engager vers l’économie circulaire, moteur de vraie compétitivité pour nos TPE-PME. « Accompagner la naissance d’une nouvelle économie serait plus utile que les classiques et inopérantes incantations au retour de la croissance » explique Antoine Waechter.

Certes la Région n’est pas restée inerte : les outils de promotion économique et d’attractivité ont été réorganisés (mais sans fusionner avec les outils analogues des départements), le champ de l’économie sociale et solidaire a été travaillé, le potentiel de l’apprentissage et de l’emploi transfrontalier a été ciblé, des actions spécifiques pour la jeunesse ont été ébauchées (avec des moyens trop limités), les chantiers des communes ont été aidés. Tout cela n’a pas été concluant : les chiffres alsaciens de l’emploi et de la vitalité économique n’ont pas bougé et le différentiel avec le reste du pays et nos voisins rhénans reste très insatisfaisant. Pour changer la donne, actionnons les leviers du partage de l’emploi, d’une économie solidaire musclée par la formation, les circuits courts, l’économie de foncier, l’intégration dynamique dans le Rhin supérieur, la sobriété énergétique, une économie circulaire qui ne brûle pas ses ressources. Ce sont ces axes forts qui structureront un Schéma Régional de Développement Économique d’Innovation et d’Internationalisation plus pertinent et plus abouti que celui de la majorité actuelle.

 

Non au repli de la politique de formation

La formation (par les lycées, l’apprentissage, le bilinguisme, les formations sanitaires et sociales et l’implication dans la formation continue) est une des responsabilités majeures du Conseil régional. Or, en 5 ans, la formation professionnelle a été privée de plus du quart de ses moyens. Les élus écologistes ont critiqué ce repli, « d’autant plus dommageable que les pistes stratégiques et les outils régionaux étaient de qualité » dit Sylvie Grucker. Alors que les accès à des parcours de qualification constructifs sont trop faibles, alors que les taux d’insertion à l’issue des formations restent médiocres, il s’agit de forcer le changement culturel de nos systèmes de formation afin que les maîtres mots soient « accompagnement, remotivation, construction de parcours ».

 Course du Courlis, @Yves Burtschell

Manque de cohérence écologique

Sur les enjeux du ménagement des territoires, de la biodiversité et des ressources, l’action régionale a su s’investir dans des axes prometteurs : qualité du service ferroviaire régional, reconversion nécessaire de l’agriculture, politique énergétique dans les lycées et dans l’habitat (un projet ambitieux de Service Public d’Efficacité Énergétique)… Les écologistes ont contribué à ces politiques. Mais ces avancées auraient dû être amplifiées par un portage offensif afin de contrer tous ces décideurs pour qui le développement et l’étalement urbain prime toujours sur l’eau, l’air et la nature. Pour la biodiversité, l’action régionale se cantonne trop au déclaratif ; les moyens pour l’éducation à l’environnement s’effritent. Il s’agit aussi d’y mettre de la transversalité (pour une politique du paysage par exemple) et plus de cohérence, car de lourdes politiques contre-productives s’interposent : politique routière digne de l’avant-Grenelle, perfusion d’argent public pour l’aérien, gâchis financier et environnemental par l’incapacité à calibrer de façon raisonnable l’investissement TGV.

Nous avons pointé des dépenses superflues comme le golf de la Sommerau, une prime inopérante à l’achat de voiture électrique (elle a finalement été stoppée), le Bioscope (dont nous avions prédit l’échec), le Rallye (nous avons fini, là aussi, par l’emporter). Dans le secteur du tourisme, Djamila Sonzogni pointe « des gaspillages dans la communication au détriment de l’opérationnel et des équipements touristiques en net retard dans certains secteurs de la région ».

Nous n’avons pas été suivis quand, sans relâche, nous avons prôné la constitution d’une ingénierie publique dédiée à la prospective, à la stratégie d’aménagement et à sa déclinaison dans les territoires par le dialogue constructif avec les 9 Schémas de cohérence territoriale. Cette carence est une faiblesse importante de la Région. Celle-ci a besoin d’outils pour une vision transversale de l’aménagement. Les conclusions de la démarche Alsace 2030 ont repris cette proposition des écologistes avec l’exigence d’un Schéma régional d’aménagement et de développement durable. Il s’agit de construire une Alsace autour des solidarités en s'appuyant sur ses richesses économiques humaines et naturelles et dans le respect de son environnement.

 

En 2010, nos affiches disaient : « L’Alsace a rendez-vous avec l’écologie ». Faute de majorité pour cela, ces 5 années n’ont pas permis de bien réussir ce rendez-vous.