Accueil L’action des écologistes au Conseil Région – Bilan du mandat 2010-2015 Ménager l’Alsace Aménagement et environnement

Aménagement et environnement

Rien de mieux pour faire de l’écologie que d’avoir des écologistes déterminés aux commandes. L’exécutif régional n’avait pas de tels animateurs. S’il a su donner des coups de pouce pour aider le mouvement dans la bonne direction, pour autant, comme le dit Antoine Waechter, « une politique de subvention ne suffit pas à faire une politique ». La Région aurait dû assumer le rôle de pilote, user de ses pouvoirs de conviction, mais aussi de ceux de ses élus. Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) doit structurer la reconquête de la biodiversité ; le SAGE Ill Nappe Rhin fixe comment parvenir aux objectifs de qualité des eaux. Ils ont été tous deux en butte à des avis négatifs virulents de la part de certains élus locaux. Ces difficultés ont démontré la nécessité d’une forte implication régionale pour contrer les logiques à courte-vue anti-écologique. Ainsi, c’est le travail d’explication d’Andrée Buchmann qui a contribué à l’adhésion de la CUS à la démarche du SRCE. Il y a eu aussi les efforts indéniables du Président et de ses deux vice-Présidents en charge du dossier, mais bien peu soutenus par leurs collègues.

Zones d'activités

Jean-Marc Riebel a déploré le manque d’implication régionale pour préserver notre tissu commercial et enrayer la consommation d’espace. Les implantations destructrices en périphérie et l’anémie des centres-villes se poursuivront tant que le Conseil régional ne prendra pas à bras le corps les documents d’aménagement commercial. Nous avons œuvré pour obtenir avec succès l’abandon du village de marques de Sainte-Croix-en-Plaine. Nous avons dénoncé les dérives des zones d’activités, que ça soit à Weissbronn, Pulversheim, Pont de l’Aspach-Guewenheim ou encore Fegersheim : pour enrayer ce phénomène, Antoine Waechter a proposé de changer de modèle de gestion foncière pour que la collectivité en restant propriétaire du terrain puisse assurer le recyclage du foncier.

 

Les écologistes pour une approche de travail nouvelle

Pour le travail avec les multiples territoires qui constituent l’Alsace, les écologistes ont proposé une approche nouvelle. Nous avons critiqué les mauvaises pratiques : l’approche technocratique (on brasse des concepts déconnectés du terrain), le saupoudrage (faire plaisir à tout le monde mais sans résultats), l’effet d’aubaine (on soutient des réalisations qui n’avaient pas besoin de nous). Il faudrait passer à une démarche articulée en trois niveaux que décrit ainsi Jean-Marc Riebel : « un portage politique fort de la Région, en dialogue avec l’échelon stratégique des Pays/SCOT, pour accompagner les actions concrètes de l’échelon opérationnel des intercommunalités ». Certes la Région a avancé dans cette direction. Mais si elle voulait pleinement devenir pilote de l’aménagement régional, elle devrait développer une cellule chargée de mener la réflexion sur la stratégie et la prospective, d'initier un inter-SCOT régional afin de mettre en place un Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (dont nous attendons de la loi en élaboration qu’il soit prescriptif) englobant toutes les programmations sur l’urbanisme, le foncier, les infrastructures, la biodiversité, l’eau, l’énergie et la politique climat. L’ambition du projet de Conseil Unique était, comme dit Jacques Fernique, « de briser les cloisonnements, de développer l’esprit de cohérence, la dynamique de synergie et d’efficacité » : c’est toujours la feuille de route écologiste.

Pour donner aux collectivités les moyens d’agir efficacement, les conseillers régionaux écologistes réclament depuis 1986 un établissement foncier régional. Enfin, il va se mettre en place : il ne reste plus que le verrou du Conseil Départemental 68 à lever. L’enjeu c’est le renouvellement urbain, la conduite de projets fondés sur l’économie d’espace, la protection des espaces agricoles et naturels, la reconversion de friches, l’aménagement raisonné de zones d’activités : autant d’actions qui nécessitent un accompagnement et une anticipation. Pour Antoine Waechter, « dans notre région si étroite et vulnérable, la maîtrise foncière est un impératif ».

troc plantes

Ce sont des écologistes qui ont suggéré que la Région prenne la gestion de l’Ill domaniale. Elle a acquis compétence sur cette colonne vertébrale d’un milieu qui nous tient à cœur. Nous intervenons pour une action régionale qui ne se limite pas au lit mineur et aux mesures agro-environnementales mais imagine un modèle d’économie, agricole qui revalorise les prairies.

Paysages et tourisme

Il manque un chef d’orchestre de la protection des paysages. C’est notre cadre de vie mais aussi le support d’une part majeure de notre économie : le tourisme. La notoriété de l’Alsace repose en partie sur sa beauté. Une trop forte part du budget Tourisme est encoré dédié à la communication et à la promotion. Les ébauches d’une politique d’écotourisme, comme l’association Rhin Vivant, n’ont pas été concrétisées. Le tourisme social a besoin d’un soutien résolu avec un dispositif unique entre la Région et les Départements. Pour les projets d’investissements des hôtels, nous avons obtenu la valorisation des démarches écoresponsables et la fin d’une logique d’aides sans plafond. Celles-ci comme l’explique Djamila Sonzogni étaient « captées essentiellement par des structures haut de gamme et sans discernement pertinent des impacts pour l’emploi, pour l’environnement et pour l’animation des territoires moins en vue ».

 

Pour les forêts d’Alsace, après la tempête de 1999, la volonté d’une plus forte naturalité s’était affirmée. Mais ces dernières années ont vu un retour de balancier avec l’accroissement de la surexploitation forestière motivée par les objectifs financiers de l’ONF. Les interventions d'Antoine Waechter ont systématiquement rappelé le nécessaire respect des multiples vocations de la forêt (en s’appuyant sur l’expérience des réserves naturelles régionales). Ainsi nous avons proposé avec succès des orientations régionales incitant à des îlots de naturalité hors-exploitation dans les forêts publiques et favorisant la valorisation des gros bois dans la filière.

Jean-Marc Riebel s'est impliqué dans la Convention interrégionale du Massif des Vosges (co-construite entre trois Régions et l’État en lien avec les départements) afin qu’elle réponde bien aux enjeux de la requalification industrielle, de l’agriculture de montagne, de l’adaptation au changement climatique. Il s’agit de transformer des handicaps en atouts par la mobilisation d’outils de développement local et par une gouvernance adaptée comme le résume Jean-Marc Riebel : « il faut que cela devienne bien un laboratoire du développement durable et non un supermarché de la subvention ». Dans le même esprit, nous avons milité pour une implication plus forte des élus régionaux dans les deux Parcs naturels régionaux des Vosges (celui des Ballons et celui des Vosges du Nord).

L’accès au numérique est essentiel pour l’égalité des territoires, le développement des PME en milieu rural, le déploiement des services numériques de santé, d’emploi et de formation. En la matière, l’action publique supplée les manques des opérateurs privés. Nous, écologistes, avons obtenu l'organisation d'une nécessaire solidarité entre les territoires. Là encore, la lenteur de la mise en place résulte largement du mille-feuille territorial : on avance mieux avec un pilote.

Éducation à l'environnement

L’éducation à l’environnement doit aller de pair avec les démarches environnementales. L’Alsace est dotée avec l’ARIENA d’un réseau associatif dynamique. Les Centres d’initiation à la Nature (CINE) sont essentiels pour que des jeunes aient une relation sensible et concrète avec le vivant, le milieu, l’air, l’eau. Les élus écologistes ont demandé en vain une intervention de la Région au-delà de 10% des budgets de ces structures. Pour Jean-Marc Riebel, « la Région n’est pas à la hauteur de ses discours quand elle investit six fois moins dans les CINE que dans le Racing Club de Strasbourg ! ».