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BP 2012 : formation professionnelle continue

Séance plénière des 15 et 16 décembre 2011

BP 2012 : formation professionnelle continue

Intervention de Jacques Fernique

 

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous sommes avec ce budget de la formation continue face à une contradiction manifeste : le diagnostic, les intentions, la méthode sont de grande qualité mais par contre les moyens affectés ne cessent de se réduire. Avec ce nouveau mandat, la formation professionnelle continue est réduite de 10% chaque année. En clair, la formation professionnelle est en pourcentage comme en valeur absolue la principale victime du rabot budgétaire : comme si cette politique était un luxe par ces temps de crise profonde.

Lecture superficielle me direz-vous : il ne s’agirait que d’une baisse apparente puisqu’il y a d’autres financeurs à l’effort global de formation professionnelle en Alsace. Le recentrage strict de la Région Alsace sur sa compétence obligatoire (essentiellement la formation professionnelle des chômeurs non-indemnisés c’est-à-dire les jeunes) serait compensée, dites-vous, par une meilleure mobilisation des autres intervenants : l’État, les partenaires sociaux par l’UNEDIC , les OPCA et le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels : à ceux là les ¾ des financements, la Région se concentrant sur le quatrième quart de façon plus efficace.

Cette argumentation a l’apparence de la cohérence : mais aujourd’hui, ce ne sont pour nous, élus régionaux, que des phrases, fondées sur des données financières de 2008 : nous n’avons pas les éléments clairs, chiffrés, validés qui nous permettent de constater qu’en Alsace l’effort global de formation professionnelle est alimenté à la hauteur des enjeux cruciaux de la période. Nous ne pouvons pas dans ces conditions approuver un budget qui ne se fonde que sur des paroles.

Et même s’il s’avère effectivement que la meilleure mobilisation des crédits de nos partenaires compense la réduction de l’effort financier régional, en quoi la Région peut elle légitimement penser qu’il serait opportun aujourd’hui de réduire ses propres efforts. Nous avons su, Pierre Mammosser insistait beaucoup là-dessus, il y a quelques années élargir nettement nos actions aux salariés les moins qualifiés (ceux qui émargent d’ailleurs le moins à la formation continue dans notre pays), nous avons su aussi nous consacrer aux secteurs et aux entreprises les plus frappés (je pense à la démarche pour les salariés d’Hymer), nous avons pesé pour que la validation des acquis de l’expérience n’en reste pas aux balbutiements : et quoi, au moins une même intensité politique ne serait plus nécessaire aujourd’hui ! Il suffirait de coordonner les différents acteurs pour maintenir à peu près ce qui existe. Non ce n’est pas notre position et c’est pour cela que nous voterons contre.

Justement au moment où le Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles a mis l’ensemble en cohérence, au moment où la Région en co-élaborant ce cadre prospectif pertinent a gagné un rôle d’animation majeur, elle ne peut justement pas réduire sa voilure. Nous attendons avec attention la convention annuelle d’application qui doit donner corps cette année au CPRDFP en précisant la programmation et les financements respectifs des actions.

Nous devons répondre avec des moyens nouveaux au drame du chômage de longue durée qui a progressé de plus de 40% en 3 ans dans notre Région. Nous attendons beaucoup de l’intégration de l’entrepreunariat social dans les formations aux créateurs/repreneurs d’entreprises. Il sera aussi nécessaire d’aider nos dispositifs, nos modules, nos intervenants, nos référentiels de formation, à s’humaniser, à prendre en compte autant les souffrances, les blocages, les aspirations des personnes, que les besoins des entreprises qui ne sont pas l'lpha et l'oméga.

La formation professionnelle est un marché d’appel d’offres pour certains, pour nous élus, c’est avant tout une forte démarche d’accompagnement et de construction personnalisée.

Et puis nous partageons pleinement les fortes intuitions de l’OREF face au défi de l’économie verte. La prise en compte de l’environnement n’est pas une contrainte qui commence à bien faire : c’est et ce sera de plus en plus une opportunité pour la vitalité économique et pour l’emploi. Des activités déclineront (celles qui saccagent le climat et les ressources), mais d’autres seront en forte progression (les transports décarbonés, le logement de qualité, la valorisation des déchets, les produits durables, les services de solidarité). La formation professionnelle sera un levier majeur par le perfectionnement des compétences, la qualification scientifique et par un travail de conscientisation des formateurs sans lesquels rien de tangible ne sera possible.

Concernant les formations sanitaires et sociales nous voterons en faveur de ce budget.

Il y a eu la revalorisation significative des bourses aux étudiants, le travail de concertation avec les établissements, et il y a eu des impulsions pertinentes comme le soutien au pôle des métiers de la rééducation.

La préoccupation partagée est là de l'effet de l'universitarisation de la formation des infirmiers et des surcoûts engendrés.