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« L’Alsace dans la grande région »

Séance plénière du 22 juin 2015

L’Alsace dans la grande région

Intervention de Jacques Fernique

 

Monsieur le Président, chers collègues,

Le rôle des élus avant tout ce n’est pas de commenter, ce n’est pas de regretter, ce n’est pas de refaire le match quand il est joué : le rôle des élus c’est d’agir.

Aujourd’hui avec ce pack groupé, perspectives 2030, évolution vers la grande région, actions pour la culture d’Alsace, notre travail c’est d’envisager, de préparer, de garantir les concrètes conditions pour l’action à venir.

Le cadre n’est pas celui que nous aurions voulu, mais l’obligation d’action publique résolue et de résultats demeure. Notre tâche en terminant ce mandat n’est pas d’engager nous-mêmes cette nouvelle séquence : le débat citoyen et le choix du suffrage universel en donneront la légitimité à la prochaine assemblée. Notre tâche consiste justement à permettre à ces élections et à cette assemblée future de choisir en connaissance de cause, dans la clarté de l’état des lieux des politiques régionales différenciées, dans les conditions propices d’un terrain préparé afin que le fait régional, afin que l’exercice des compétences stratégiques majeures, ne s’amenuisent pas dans l’inertie du transitoire ou dans la vaine confrontation de narcissismes locaux.

Aujourd’hui, de volumineux documents de notre ordre du jour mettent particulièrement l’accent sur le sens, les enjeux et le cœur de nos politiques régionales. Andrée Buchmann parlera pour notre groupe écologiste des défis culturels. Je vais pour ma part centrer mon propos sur Alsace 2030 et la fusion des 3 régions. Ce premier état des lieux synthétique avant fusion engagé par les directeurs généraux et les responsables des services est une première étape d’un processus nécessaire dont je demandais à la Commission Permanente de janvier qu’il soit mis en route, de façon partagée et dans la transparence. Le moment politique actuel est un moment clé et complexe : les responsables des services et les représentants politiques des 3 régions ont la responsabilité de le décrypter autant que faire se peut, de le rendre lisible pour celles et ceux qui en écriront la suite. Cette mise au clair du contexte, des enjeux stratégiques et financiers, des situations organisationnelles diverses et des politiques concrètes des 3 régions n’est évidemment pas assez limpide pour être à la portée des non-spécialistes, c’est le travail technocratique, au sens noble du terme, qui est nécessaire avec ses raccourcis, ses imperfections, ses redites et ses petites lourdeurs : et franchement , bravo aux efforts des services car nous avons là une base sérieuse pour envisager les futures politiques publiques régionales. La balle est à présent du côté des politiques : à eux de choisir leurs registres d’intervention et de travail entre les faux débats, le superficiel et la prise à bras le corps de ce qui constitue les vrais enjeux (Alsace 2030 comme le Pacte Lorraine ou Champagne-Ardenne 2020 nous a permis d’avancer dans ce sens). Il faudrait à présent analyser politiquement la pertinence des actions et des dispositifs respectifs afin de préparer les possibilités à venir : soit les additionner, soit les fusionner, soit n’en retenir qu’un seul ou alors repartir sur des bases neuves. Bien sûr la réponse à ces questions sera l’affaire du mandat à venir mais il est bon dès à présent d’envisager lucidement ces problématiques qui s’annoncent.

Parmi celle-ci, je voudrais en pointer une qui nous semble, à nous écologistes, majeure et déterminante. Celle sur laquelle, on peut le dire sans polémique car cela concerne aussi la Lorraine, la Champagne-Ardenne et l’Alsace, celle sur laquelle nous accumulons du retard, l’enjeu de l’aménagement des territoires. « La France forte de ses régions », on connait la belle et forte formule. Celle qui s’impose à nous dans la séquence qui s’ouvre pour l’Alsace, Lorraine, Champagne Ardenne, c’est « Une région qui trouvera sa force par la mise en mouvement de tous ses territoires ». La solidarité des territoires, voilà ce sur quoi seront jugés ici dans le grand Est les décideurs à venir. Une région garante de la République pour les plus vulnérables, une région qui ne laisse personne de côté. Le référendum alsacien a capoté avant tout là-dessus : beaucoup dans le Haut-Rhin craignaient d’y perdre dans un plus grand ensemble. Avec une Eurométropole en émergence et une logique de pôles de compétitivité, beaucoup craignent la relégation. Là est le message fort qui se dégage de nos travaux sur Alsace 2030, c’est la nécessité d’une vision collective partagée nécessaire entre la Région et les Territoires pour fédérer, pour sortir de la dissémination, de la dispersion : le pari c’est l’inter-territorialité, l’inter-SCOT (schéma de cohérence territoriale) régional, le SRADDT, Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire que la loi fera prescriptif et qu’aucune de nos 3 régions n’a élaboré véritablement pour l’instant. Le SRADDT ce serait la mise en cohérence et en mouvement des programmations sur l’urbanisme, le foncier, les infrastructures, la biodiversité, l’eau, l’énergie et la politique climat. La Région sera vraiment utile si elle sait en assurer le portage politique fort, en dialogue avec l’échelon stratégique des Pays-SCOT, pour accompagner les initiatives concrètes de l’échelon opérationnel des collectivités. Cette solidarité et cette cohérence voilà l’impératif : pour nous écologistes, c’est le cœur de la feuille de route régionale.