« La réforme peut représenter un formidable levier pour assumer définitivement une alsacianité ouverte »
Séance plénière du 22 septembre 2014
Intervention d'andrée Buchmann sur la délibération pour la création d'une "Collectivité territoriale unique" d'Alsace
Monsieur le Président, chers collègues,
Non, ce n’est pas la réforme territoriale qui va tuer l’Alsace. L’Alsace existe depuis des siècles. Son sort n’est pas lié à d’éphémères péripéties administratives.
C’est nous, Alsaciens, qui avons failli tuer l’Alsace. En acceptant qu’on éradique sa langue, en nous soumettant au rouleau compresseur parisien. Il n’y a pas si longtemps, les personnes, dont certaines ici présentes, qui se battaient pour le bilinguisme étaient traitées par les alsaciens de pangermanistes et de tenants du repli identitaire. J’en sais quelque chose.
Ce n’est que depuis peu, depuis l’effondrement économique, qu’un soupçon de lucidité s’est fait jour et que le fait de parler deux langues (au moins) est enfin considéré comme un atout par la nomenklatura alsacienne.
Non, ce n’est pas la réforme qui tuera l’Alsace.
En revanche, la réforme peut représenter un formidable levier pour assumer définitivement une alsacianité ouverte, qui soit :
- respectueuse de ses territoires : l’Alsace, c’est un camaïeu de pays avec un bouquet de nuances linguistiques alsaciennes et welches à entretenir ;
- respectueuse des habitants présents sur son territoire, quelle que soit leur origine et leur tradition ;
- en dialogue avec la Suisse, le Pays de Bade et le Sud Palatinat. Cette unité géographique, cette unité écologique du Rhin Supérieur est aussi notre bassin de vie.
Et je voudrais pour terminer insister sur la nécessité de défendre le droit d’option. Une fois que la région sera stabilisée dans son acception actuelle, elle pourra s’ouvrir aux départements voisins, si ceux-ci le souhaitent. Avec la Moselle avec laquelle nous partageons déjà le bilinguisme franco-allemand ; avec le territoire de Belfort qui fut alsacien jusqu’en 1870 et pourquoi pas avec les Vosges. Le Welsche est encore parlé dans certaines vallées alsaciennes - Jean-marc RIEBEL par exemple le comprend -, le Welche donc est encore parlé dans certaines vallées alsaciennes, et nous sommes quand même terriblement proches de Saint Dié, géographiquement et culturellement. Nous assistons au Festival de Géographie tout comme nous soutenons déjà financièrement le Théâtre de Bussang. Et notre carte de transport TER, notre abonnement de conseillers régionaux, va déjà jusqu’à Sarreguemines et jusqu’à Belfort, donc une belle région existe déjà de façon concrète.
Oui à l’Alsace et engageons les discussions avec la Moselle, avec le Territoire de Belfort et avec les Vosges pour une future région que nous arriverons à nommer ensemble et qui aura du sens.
Je vous remercie.
Cette délibération a été votée par 38 oui au conseil régional dont l'ensemble du groupe europe écologie Alsace. elle était au vote parallèlement dans les deux conseils généraux.
Plus d'informations sur le vote de la délibération sur le site des DNA.