BP 2015 – Culture et bilinguisme
Séance plénière du 18 décembre 2014
BP 2015 - Culture et bilinguisme
Intervention d’Andrée BUCHMANN
Monsieur le Président de séance, Monsieur le vice-président, chers collègues,
Il est vrai que nous sommes très actives Cléo SCHWEITZER et moi au sein de la commission Culture. Les orientations qui sont présentées aujourd’hui par le président, je les partage.
Monsieur MANGIN a choisi d’inscrire la culture dans la stratégie de développement économique, je pense que c’est une très bonne idée car cela permet de donner une dimension et un soutien supplémentaires à ce secteur. Globalement, nous sommes d’accord avec la territorialisation, le conventionnement directement avec les structures sur plusieurs années, le financement des entreprises culturelles, les cafés cultures etc.
Mais en même temps, la culture n’est pas seulement de l’économie. Il y a, dans notre politique, un manque. Il me semble que nous n’avons pas suffisamment de personnes ou de prise en compte du fait qu’il nous faut aussi renforcer nos propres compétences dans les domaines de l’histoire de cette région, même hors bilinguisme, et de la pratique de la langue allemande. Je suis parfois surprise par des décisions prises qui ne tiennent pas compte du fait que nous sommes inscrits dans une histoire, une tradition particulièrement importantes. C’est un déficit de connaissance de notre part. Si, en plus, la DRAC qui est parfois aussi un peu défaillante là-dessus par rapport à ça est transférée à la Région, il faudra renforcer nos capacités. Et je pense qu’il est essentiel que dans nos services, il y ait au moins un germaniste qui puisse expertiser et évaluer toutes les demandes de subventions, pas seulement celles sur le bilinguisme et évaluer les aides à l’aune de notre vieille culture.
Il y a indéniablement une belle évolution de notre approche du domaine de l’identité alsacienne et du bilinguisme :
- l’OLCA missionnée pour la promotion de la langue régionale dans sa complète acception : la langue allemande dans sa forme dialectale (alémanique et francique parlé en Alsace et en Moselle) et sa forme standard est positive ; donc le Hochdeutsch ( et pas seulement le dialecte comme inscrit dans la mission actuelle de l’OLCA),
- l’extension de la notion de bilinguisme à la reconnaissance du welche, du yiddish et du manouche, auquel on pourrait d’ailleurs adjoindre le yennich,
- le soutien à la Charte pour la promotion de la langue régionale sur la base de la Charte Européenne des Langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe, signée mais toujours pas ratifiée par la France,
- la volonté d’instaurer dans la durée une politique linguistique régionale englobant tous les aspects de la vie sociétale,
- le soutien direct de la Région aux associations et aux projets ( et non plus via l’OLCA),
- le soutien renouvelé et développé aux cours d’alsacien et la multiplication des initiatives à vocation topographique,
- la mise en circulation de la culture dans l’Axe Rhénan. Le Sundgauvien dont la pratique part à vau l’eau, hélas, pourra être sauvé, par exemple, grâce à notre détermination indispensable mais aussi grâce à la proximité avec le Schwitzerditsch qu’il faut renforcer. Il faut que les gens apprennent à voir des spectacles, à discuter avec des suisses qui pratiquent aussi cette langue.
Concernant le domaine éducatif,
La Convention Quadripartite, tout d’abord : si le nombre d’élèves en maternelle et primaire a presque doublé depuis 2007 (de 14 000 à 25 000) , soit 12 % des élèves du primaire, après c’est l’effondrement : 4 % en collège et 2% en lycée. L’utilité ne semble être claire ni pour les parents ni pour les jeunes. Dommage. Nous avons là un travail sociétal à réaliser collectivement pour conforter toute la filière.
L’Education Nationale a du mal a atteindre les objectifs fixés. Si elle est un peu plus ouverte, il y a cependant encore beaucoup de résistance. Il faudrait qu’au moins 25% d’une classe d’âge obtienne l’Abibac.
A quoi sont employées les sommes votées par les collectivités ? Je trouve dommage que l’on continue de parler de surcoût alors qu’il y a bien une part de coût normal pour un enfant scolarisé en bilingue ou pas en bilingue. Je ne pense pas que l’INSA parle de surcoût pour da formation bilingue d’ingénieur ni le Lycée International. Il s’agit de coûts, pas de surcoûts.
Les actions complémentaires ensuite : oui à l’aide aux classes bilingues associatives, à l’association Eltern et au soutien à l’équipement de classes bilingues publiques fonctionnant sur le mode d’un regroupement pédagogique intercommunal.
(Concernant le domaine culturel et notre identité régionale,)
Mais il nous faut aussi renforcer nos propres compétences, dans le domaine de la connaissance et de la langue allemande.
Par exemple que dans le comité d’expert pour l’aide à l’édition qui est composé :
- d’un représentant du C.N.L.
- d’un représentant du Centre régional du livre de Lorraine ou de Franche-Comté,
- d’un établissement documentaire d’Alsace
- d’un représentant de l’association de coopération régionale pour la documentation et l’information en Alsace (C.O.R.D.I.AL.)
- d’un chargé de mission de la Confédération de l’illustration et du livre d’Alsace.
Est-on assuré qu’il y ait un germaniste ?
Y a-t-il quelqu’un dans notre administration de la Culture qui soit suffisamment entendu pour expertiser et évaluer les demandes de subvention, quelles qu’elles soient, aussi à l’aune de notre vieille culture ? Tout en étant dans la connaissance et l’ouverture aux apports actuels ?
Au vu de certaines décisions, je n’en suis pas sûre.
Enfin, monsieur le Président, last but no the least, comment pourrions-nous garantir, dans une grande région où nous serions minoritaires, le maintien de nos belles avancées ? Nous avons besoin d’alliés solides car les Alsaciens Mosellan seraient une minorité périphérique.
Quel que soit le résultat du recours au Conseil Constitutionnel, on peut dire que cette affaire aura au moins permis au plus grand nombre qu’il y avait le feu au lac. Et qu’il faut arrêter de se livrer à des jeux tactiques, à la démagogie, qu’il faut arrêter de se chamailler pour des broutilles, entre les structures, les départements, les villages et s’unir.
D’aucun propose une Agence pour la culture régionale en Alsace et Moselle, rassemblant l’OLCA, le FRAC, l’ACA…. Et comptant dans son rang les communautés de communes qui voudront s’y associer.
Je trouve que c’est une bonne idée. Car il faut un plan pour la transmission de la langue dans les familles. André Weckmann le disait dans « Langues d’Alsace », Jacques Schleef l’a rappelé dans son point de vue paru samedi 13 décembre : l’Alsace est un patrimoine commun à tous ceux qui s’en réclament, d’où qu’ils viennent, et qui veulent transmettre cet héritage.
Budget Culture : vote POUR
Budget Bilinguisme : vote POUR