Accueil L’action des écologistes au Conseil Région – Bilan du mandat 2010-2015 L’emploi et l’économie Politique énergétique

Politique énergétique

Les avancées de la politique énergétique

La transition énergétique va constituer un pan essentiel de la conversion écologique de l’économie. Ce postulat était au cœur du projet écologiste pour l’Alsace de 2010. Le groupe des écologistes, s’appuyant sur le travail collectif animé dès 2004 par Philippe Carbiener, a donc porté tout au long de ces 5 ans l’idée forte d’une Alsace pionnière. Jacques Fernique l’a martelé sans relâche, « la vitalité économique dépendra de la capacité à s’affranchir des énergies carbonées et non renouvelables et à maîtriser la sobriété et l’efficacité énergétique ».

Nous avons eu en 2012 la satisfaction d’un Schéma Régional Climat Air Énergie avec objectifs à la hauteur des enjeux : la division par 4 d’ici 2050 des émissions à effet de serre en Alsace, la progression des énergies renouvelables d’ici 2020 pour atteindre 26,5% de la consommation alsacienne d’énergie finale. La Région, instituée par la loi en 2014 chef de file pour la transition énergétique, déploie ses interventions sur 4 axes principaux : l’efficacité énergétique des bâtiments, la prévention de la précarité énergétique dans le parc social, le développement des renouvelables selon les potentialités de chaque territoire, enfin la qualité de l’air en agissant notamment sur le bâti et l’amélioration des dispositifs de chauffage au bois.

pilones

Les multiples aides régionales pour la rénovation thermique s’étaient empilées au fil du temps, perdant de la lisibilité et de l’efficience. En 2012, les élus écologistes ont approuvé une refonte complète des aides visant les différents types de maîtres d’ouvrage. Nous avons insisté pour que les enjeux de qualité environnementale et sanitaire soient concrètement pris en compte plutôt que de se borner à des solutions techniques standardisées validées sur dossier. Comme le répète souvent Andrée Buchmann, « les logiques d’ingénieurs oublient souvent qu’une maison est un lieu de vie : il s’agit de mettre l’humain, le bien-être au cœur des préoccupations ». Une préoccupation qui manifestement n’avait pas trop présidé à la construction de la Maison de la Région puisqu’à l’usage sa conception énergétique s’avère désastreuse tant pour les personnes qui y travaillent que pour les coûts de fonctionnement et de rénovation nécessaire.

Nous nous sommes opposés, par contre, à la mise en place précipitée d’une aide mal réfléchie à l’acquisition d’une voiture électrique. Celle-ci doublait la prime d’État dans des conditions du marché qui ne faisaient qu’inciter des ménages aisés à acquérir un véhicule de plus. En 2012, la Région a fini par y renoncer.

Rénovation énergétique de l'habitat

Le rythme des projets et des travaux engagés est encore loin d’être satisfaisant, même si la Région a ménagé des possibilités de rénovation BBC par étapes. Pour avancer, il faut faire  bouger 4 types d’acteurs : les ménages, les artisans pour qu'ils soient formés et structurés, les institutions financières pour qu’elles proposent des solutions de crédit adaptées (faciliter le tiers financement), les collectivités territoriales pour qu’elles déploient des plateformes d'accompagnement et de suivi (comme le font la Comcom de Kaysersberg, l’Alsace Centrale ou Thur-Doller). C’est l’ambition du projet de SPEE, service public de l’efficacité énergétique, dont l’expérimentation démarre avec le soutien européen. Ce sera assurément le changement structurant pour les années à venir.

Un autre axe important consiste à agir pour la rénovation du logement social. Cette démarche, qui était une proposition du plan « énergie » des écologistes du mandat précédent, a amené la Région à être aujourd’hui en Alsace le principal financeur en la matière : depuis 2010, on avance au rythme de 25 projets par an.

 

Fermer Fessenheim

Les élus écologistes se sont fortement impliqués dans le débat régional préparatoire à la loi de transition énergétique. Nous avons insisté sur la mobilisation des acteurs et la dynamique transfrontalière. Nous nous sommes appuyés sur un forum régional co-produit avec Europe Écologie - Les Verts à Sélestat. Nous avons obtenu de la Région un débat plus large qu’une réunion ordinaire des 80 spécialistes institutionnels, économiques et associatifs de la Conférence régionale de l’énergie et de l’atmosphère (notre vœu en ce sens a été adopté par la Commission Permanente). Au total, on a pu reconnaître la patte écologiste dans une bonne part des conclusions et recommandations transmises par l’Alsace à Paris, même sur la question de la fermeture de Fessenheim.

Cette perspective de fermeture était bien sûr portée par notre campagne électorale de 2010, même au 2ème tour, puisque nous avions amené le PS à l’envisager. Mais ce fut bien sûr Fukushima qui remit pleinement Fessenheim et le risque majeur au cœur du débat public. Le groupe écologiste à la Région a donc avec force et constance appelé à arrêter les frais, à cesser de gaspiller les investissements dans une énergie du passé, à saisir, avec l’ensemble du Rhin Supérieur, l’opportunité économique de la transition énergétique. Avec les autres élus verts du Conseil Rhénan, nous avons fait voter à l’unanimité un vœu exprimant la volonté commune dans les trois pays, avec la fermeture annoncée de la centrale, d’engager la reconversion énergétique et économique du territoire.

Ce vote déterminant que nous avons obtenu avec les voix de la majorité régionale UMP-UDI a révélé la position ambivalente de celle-ci sur Fessenheim. Elle a certes refusé de se prononcer en faveur de la fermeture, mais elle n’a pas pour autant emboîté franchement le pas au député Sordi dans ses démarches de pression pour que le gouvernement y renonce. La ligne du Président de Région revient en substance à dire : « Il faudra bien que ça ferme un jour, pas trop tôt quand même, il faut donc s’y préparer ».

Cette ligne plutôt molle a donc dégagé de l’espace pour l’action bien plus déterminée du groupe écologiste. Face aux travaux conduits par EDF comme si de rien n’était, face aux confusions gouvernementales, nous sommes systématiquement intervenus, en lien étroit avec le réseau antinucléaire et nos députés verts, pour interpeller le préfet, pour presser le délégué interministériel chargé de la fermeture de Fessenheim afin que soient concrétisés les étapes et les accompagnements sociaux et économiques de cette fermeture annoncée. Si nous avons obtenu la promesse d’un volet au Contrat de Plan État Région devant financer l’accompagnement du territoire face à la fermeture des 2 réacteurs, il s’agit à présent d’obtenir la signature concrète de cet engagement de l’État et surtout sa mise en œuvre effective qui permettra que l’Alsace et le bassin rhénan soient gagnants.